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Conseil des ministres européen de l'Agriculture à Luxembourg L'aide européenne aux pauvres face au refus d'une minorité d'Etats

Le maintien d'une aide européenne aux banques alimentaires et soupes populaires en Europe a été bloqué jeudi par six Etats, dont l'Allemagne et la Suède, au grand dam de leurs partenaires européens qui ne s'avouent pas vaincus et veulent continuer les discussions.

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Selon Dacian Ciolos, « c'est une preuve d'égoïsme, dans une
U
nion européenne où on a besoin de solidarité ».
(© Terre-net Média)

Lors d'une réunion des ministres de l'Agriculture à Luxembourg, l'Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni, le Danemark, la République tchèque et les Pays-Bas ont maintenu leur opposition à ce que les fonds alloués au titre du Programme européen d'aide aux démunis (Pead), tirés du budget agricole, soient utilisés à des fins de politique sociale. L'enjeu des négociations était d'éviter dès l'an prochain une réduction drastique de l'ordre de 80 % de ces fonds à la suite d'un arrêt de la Cour européenne de justice. Actuellement, des centaines d'organisations caritatives d'une vingtaine d'Etats profitent de ce programme doté de 480 millions d'euros. 

« C'est une preuve d'égoïsme, dans une Union européenne où on a besoin de solidarité », a déploré le commissaire européen à l'Agriculture Dacian Ciolos, en estimant qu'on ne pouvait « pas laisser tomber » ce programme « du jour au lendemain » et couper des fonds dont profitent chaque année 18 millions de bénéficiaires. Si rien ne se passe, « en 2013, ce programme risque même d'arrêter d'exister », a prévenu Dacian Ciolos. « Si on est solidaires avec les banques, il faut être solidaires avec les plus démunis », a tempêté le ministre polonais Marek Sawicki, dont le pays préside l'UE. Il a promis de ne « pas fermer pour autant le dossier ». « Les égoïsmes nationaux de six Etats l'ont emporté sur l'esprit de solidarité », a déploré le Français Bruno Le Maire, tout en précisant que le combat allait « continuer », et en exprimant la « conviction » d'obtenir in fine gain de cause. M. Sawicki n'a pas exclu que la question puisse désormais monter au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, qui se réunissent dimanche à Bruxelles.

Le devoir des Etats

Pour M. Le Maire, il est « inacceptable qu'en pleine période de crise économique et sociale, l'Europe décide de couper les crédits pour l'aide aux plus démunis: ça n'a pas de sens et ce n'est tout simplement pas juste ». La ministre allemande Ilse Aigner, que le ministre français a rencontré à deux reprises lundi et mardi à Berlin, est restée sourde à ses arguments. « Nous ne voulons pas de politique sociale à l'échelle européenne », a-t-elle martelé mercredi. « Sur le principe, l'aide aux personnes dans le besoin est bien sûr importante, mais c'est le devoir des Etats. Nous la finançons en Allemagne entièrement avec notre budget national et nous pensons avoir raison », a-t-elle souligné. « C'est un problème national qui doit être résolu à l'échelle nationale », a renchéri le Suédois Eskil Erlandsson. Les pays de la minorité de blocage s'appuient sur un arrêt de la Cour européenne de justice qui a estimé cette année que le Pead, fondé en 1987, avait dévié de son objectif initial de redistribution des excédents agricoles, pour ne plus financer que des achats de nourriture tirés du budget de la Politique agricole commune, alors que ces achats relèveraient plutôt de la politique sociale.

Des surplus de matières premières dont
nous devions nous débarrasser,

Le programme a fonctionné « à l'époque où nous avions des surplus de matières premières dont nous devions nous débarrasser, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui », a argué M. Erlandsson. « C'est la première fois que je suis aussi mal à l'aise, aussi gênée » de participer à une réunion des ministres européens, a résumé la ministre belge Sabine Laruelle, tandis que son homologue espagnole Rosa Aguilar a jugé que l'échec des négociations, jeudi à Luxembourg, était « un lamentable désastre ».

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